En 2019, le paysage de la formation professionnelle a connu une transformation majeure avec la disparition des OPCA et la mise en place des OPCO. Cette réforme a imposé de nouvelles obligations aux entreprises et modifié les circuits de financement.
Les critères d’éligibilité, les missions et les interlocuteurs ont changé, bouleversant les habitudes des acteurs de la formation. De nombreuses confusions persistent autour des rôles et du fonctionnement de ces nouveaux organismes, alors que la réglementation continue d’évoluer.
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OPCA et OPCO : deux acteurs clés de la formation professionnelle
Les OPCA, ces organismes paritaires collecteurs agréés, ont longtemps été les pivots de la formation professionnelle en France. Leur mission ? Rassembler les contributions des entreprises, financer les actions de formation et guider les employeurs à travers un maquis de dispositifs, le tout dans un cadre sectoriel bien défini. Jusqu’en 2019, ce schéma structuré régissait les échanges entre entreprises, salariés et branches professionnelles.
À compter du 1er avril 2019, le décor change : les OPCO (opérateurs de compétences) prennent le relais, mais ne se contentent plus de collecter des fonds. Désormais, ils accompagnent les entreprises de bout en bout sur le terrain du développement des compétences, épaulent les branches pour anticiper l’évolution des métiers et ouvrent l’accès à la certification professionnelle. L’approche se transforme : l’accent n’est plus sur le simple financement, mais sur la capacité à adapter les métiers aux réalités économiques et sociales.
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Voici une synthèse claire des missions respectives de ces deux types d’organismes :
- OPCA : collecte des contributions, financement des formations, gestion sectorielle.
- OPCO : conseil, accompagnement, développement des compétences, soutien à la certification, appui à l’innovation pédagogique.
Chaque entreprise est désormais affiliée à un OPCO en fonction de sa branche professionnelle ou de son identifiant de convention collective (IDCC). Les branches profitent d’un soutien renforcé pour anticiper les transformations des métiers et bâtir une offre de formation adaptée. Les nouveaux opérateurs interviennent à chaque étape : diagnostic, financement, accompagnement, ingénierie de parcours. Cette nouvelle organisation vise à rendre la formation professionnelle plus agile et mieux connectée aux besoins des entreprises et des salariés, tout en renforçant les liens avec les acteurs du terrain.
Pourquoi la réforme a-t-elle remplacé les OPCA par les OPCO ?
La loi pour la Liberté de choisir son avenir professionnel, portée en septembre 2018, marque un tournant. Dès le 1er avril 2019, les OPCO prennent la suite des OPCA. Cette bascule s’inscrit dans une démarche de modernisation du pilotage de la formation professionnelle et d’accompagnement des mutations du travail. L’idée ? Créer une passerelle directe entre les besoins concrets des entreprises, les évolutions sectorielles et la montée en compétences des salariés.
Le ministère du Travail délivre désormais l’agrément à chaque opérateur de compétences. Les critères sont plus stricts : il s’agit de garantir la capacité à structurer l’offre de formation, à anticiper les mutations et à soutenir la gestion prévisionnelle des emplois. Les branches professionnelles trouvent ainsi un appui solide pour décrypter les attentes en compétences et imaginer des parcours sur mesure.
Cette réforme s’accompagne d’une réduction du nombre d’organismes : douze OPCA font place à onze OPCO, chacun couvrant désormais plusieurs secteurs d’activité. Ce redécoupage permet de mutualiser les ressources, d’harmoniser les pratiques et de simplifier l’accès à la formation, en particulier pour les petites structures.
Plusieurs points expliquent ce choix :
- La volonté de privilégier une approche sectorielle plus dynamique et tournée vers l’avenir.
- Un nouvel équilibre entre accompagnement de proximité et vision stratégique sur les compétences.
- Un renforcement du rôle des branches, avec un recentrage sur la gestion des parcours professionnels.
Ce qui change concrètement pour les entreprises et les salariés
Pour les entreprises, la réforme de la formation professionnelle rebat les cartes sur le plan administratif et financier. Depuis 2021, la collecte de la contribution formation est désormais centralisée par l’URSSAF : fini la collecte directe par les OPCA. Les fonds transitent ensuite par France Compétences avant d’arriver chez les OPCO, qui deviennent les interlocuteurs de référence pour le conseil et le financement des projets de formation.
Désormais, chaque entreprise est rattachée à un opérateur de compétences selon sa branche ou son IDCC. Ce rattachement ouvre la porte à un accompagnement sur mesure, particulièrement bénéfique pour les TPE/PME souvent confrontées à des défis d’adaptation rapides. Les OPCO aident à identifier les besoins en formation, conseillent sur les dispositifs pertinents et accompagnent la constitution des dossiers.
Pour les salariés, le paysage se clarifie : ils accèdent, via leur entreprise ou à titre individuel, à des parcours de formation plus structurés. Les OPCO participent à sécuriser les transitions professionnelles, en lien avec le CPF (compte personnel de formation) et en coordination avec Pôle emploi, facilitant ainsi l’embauche et le développement des compétences pour les demandeurs d’emploi.
Ces changements se traduisent concrètement de la façon suivante :
- L’employeur sollicite son OPCO pour obtenir un financement de formation, notamment dans le cadre du plan de développement des compétences.
- L’OPCO apporte un appui technique pour choisir les actions, monter les dossiers et assurer le suivi administratif.
- Les salariés profitent d’une offre de formation mieux adaptée, rendue possible par la coordination entre OPCO et branches professionnelles.
Mieux comprendre les missions et le fonctionnement des OPCO aujourd’hui
Quel est le vrai champ d’action d’un opérateur de compétences ? Depuis la fin des OPCA, les OPCO occupent une place centrale dans l’accompagnement et le financement du développement des compétences au sein des entreprises. Aujourd’hui, onze opérateurs couvrent la totalité des branches professionnelles, chacun avec ses spécificités : l’industrie pour OPCO 2i, la culture via AFDAS, la construction par Constructys, l’agriculture avec OCAPIAT et le commerce grâce à Opcommerce.
Leur mission dépasse largement le simple financement de l’apprentissage ou de la professionnalisation. Ils accompagnent les entreprises, en particulier celles de moins de 50 salariés, dans la mise en œuvre du plan de développement des compétences et la gestion prévisionnelle de l’emploi. Ils épaulent aussi les branches dans la création de certifications professionnelles adaptées à leurs métiers.
Les OPCO interviennent à plusieurs niveaux concrets :
- Financement de l’alternance : apprentissage, pro-A, contrats de professionnalisation.
- Appui technique pour définir les niveaux de prise en charge et élaborer les parcours de formation.
- Conseil stratégique auprès des employeurs, notamment dans les TPE/PME, sur les évolutions des métiers et la montée en compétences des équipes.
- Accompagnement des branches pour la création de certifications et l’adaptation des référentiels métiers.
Les OPCO travaillent main dans la main avec les partenaires sociaux et les institutions publiques. Leur expertise s’exprime par une présence accrue sur le terrain, rendant ainsi la formation professionnelle plus accessible, transparente et réactive. On assiste à un changement durable dans la façon dont les entreprises et les salariés accèdent à la formation. Demain, ceux qui sauront saisir ces nouveaux leviers feront la différence.