Différence entre poei et afpr : comprendre les distinctions clés en formation
Depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, la distinction administrative entre POEI et AFPR disparaît au profit d’un dispositif unique. Cette réforme vise à simplifier l’accès à la formation pour les demandeurs d’emploi et à faciliter les démarches des entreprises.
De nouveaux critères d’éligibilité et des modalités de financement révisées modifient en profondeur le parcours des bénéficiaires. Les acteurs doivent désormais composer avec une organisation repensée et des procédures harmonisées, mettant fin à des années de coexistence de deux dispositifs aux contours parfois flous.
A lire en complément : Signes HPE à reconnaître : tout savoir pour agir efficacement
Plan de l'article
Fusion de la POEI et de l’AFPR : ce qui change vraiment
Le décret n° 2024-561 du 18 juin 2024 ne se contente pas de modifier la façade : il rebat les cartes de la politique de l’emploi et de la formation en France. Avec la suppression de l’AFPR et le renforcement de la POEI, l’objectif est limpide : alléger la paperasse, clarifier les parcours, concentrer les énergies sur l’essentiel. France Travail et les principaux acteurs du secteur saluent cette évolution attendue de longue date. Sur le terrain, la fusion POEI-AFPR efface les doublons et recentre l’effort sur l’accompagnement vers l’emploi, dans toutes ses formes.
Avant ce décret, l’AFPR s’adressait surtout aux contrats temporaires, CDD de 3 à 6 mois ou missions d’intérim, tandis que la POEI visait l’intégration sur des postes stables : CDD de 12 mois ou plus, CDI, contrats de professionnalisation. Désormais, la nouvelle POEI élargie prend toute la gamme en charge, du premier contact à l’embauche durable. Finis les parcours scindés et les formalités en double : l’employeur dépose un seul dossier, bénéficie d’une procédure unique, gérée de bout en bout par France Travail.
A lire en complément : Prise en main de Data Studio : le guide complet
La durée maximale de 400 heures reste la règle, que la formation se déroule en interne ou auprès d’un prestataire extérieur. Tout le processus passe par la voie dématérialisée et promet une réactivité jamais vue : moins de dix jours pour obtenir un accord. Les bénéficiaires conservent leur statut de stagiaire de la formation professionnelle, leur rémunération habituelle (ARE ou RFPE) ; ceux qui ne sont pas indemnisés touchent une indemnité horaire. Certains secteurs, toujours en quête de talents, services à la personne, hôtellerie-restauration, transport, BTP, restent prioritaires, surtout dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France et Grand Est.
Côté entreprises, l’accès à l’aide financière pour la préparation opérationnelle à l’emploi n’a jamais été aussi direct. Plus de 80 000 parcours concernés chaque année, et un taux d’embauche dépassant largement les 80 % à la sortie de la formation : cette réforme fluidifie le recrutement et dynamise la montée en compétences. France Travail et ses partenaires de la formation orchestrent ce nouveau rythme, main dans la main avec les employeurs.
Pourquoi ces deux dispositifs étaient-ils distincts jusqu’à présent ?
La coexistence de la POEI et de l’AFPR reposait avant tout sur le type de contrat proposé à l’issue de la formation. La POEI (préparation opérationnelle à l’emploi individuelle) s’adressait aux recrutements sur le long terme : CDD de 12 mois ou plus, CDI, contrat de professionnalisation. La AFPR (action de formation préalable au recrutement) était, elle, l’outil privilégié pour les emplois temporaires ou précaires : CDD de 3 à 6 mois (voire 12 mois dans certains cas), missions d’intérim, contrats courts.
Voici les usages principaux qui se dessinaient autour de chaque solution :
- AFPR : mobilisée pour des contrats courts, rarement prolongés.
- POEI : réservée à des emplois stables, pour renforcer la sécurisation des parcours.
Cette répartition répondait à la réalité des besoins sur le terrain : certains employeurs cherchaient à pourvoir rapidement des postes saisonniers ou temporaires, notamment dans les services à la personne, l’hôtellerie-restauration ou le transport,, d’autres privilégiaient l’embauche sur la durée, dans des secteurs où fidéliser les salariés est un enjeu permanent.
Le code du travail consacrait cette segmentation : chaque dispositif s’adaptait à la durée du contrat ciblé. Les demandeurs d’emploi profitaient ainsi d’un accompagnement sur mesure, taillé selon leur projet professionnel et le rythme du marché.
Quels impacts concrets pour les demandeurs d’emploi et les employeurs ?
La disparition de l’AFPR et la montée en puissance de la POEI bouleversent les habitudes en formation professionnelle et en recrutement. Côté demandeurs d’emploi, le parcours devient plus lisible, plus direct. Plus besoin de se demander quel dispositif correspond au contrat visé : la préparation opérationnelle à l’emploi s’adapte à toutes les configurations. France Travail prend en charge le suivi, le maintien du statut de stagiaire reste acquis, et la rémunération adaptée continue de s’appliquer : ARE pour les indemnisés, 1,68 € par heure pour les non-indemnisés.
Pour les entreprises, le changement est tout aussi concret. Les démarches administratives se réduisent à l’essentiel : une seule demande pour obtenir l’aide à la formation préalable à l’embauche, quel que soit le contrat envisagé. Le nouveau cadre permet aussi bien de répondre à un besoin ponctuel qu’à une embauche sur le long terme, avec des modalités de financement uniformisées. Les secteurs en tension, hôtellerie-restauration, transport, commerce, services à la personne, BTP, restent les grands bénéficiaires de ce mode d’intégration accélérée.
Quelques chiffres illustrent l’ampleur du dispositif désormais fusionné :
- Plus de 80 000 entrées annuelles sur les anciens dispositifs en 2023.
- Un taux d’embauche supérieur à 80 % à l’issue de la formation.
Les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France et Grand Est continuent de montrer la voie, avec une mobilisation massive de la préparation opérationnelle à l’emploi. L’articulation entre financements publics, démarches simplifiées et accompagnement individualisé permet une réponse rapide aux besoins du marché du travail, tout en garantissant un filet de sécurité pour ceux qui peinent à retrouver leur place.
Réforme en pratique : comment s’adapter à la nouvelle organisation de la formation
La préparation opérationnelle à l’emploi devient désormais la porte d’entrée unique pour tous les parcours de montée en compétences financés par France Travail. Depuis l’entrée en vigueur du décret du 18 juin 2024, chaque acteur de la formation professionnelle doit trouver ses repères dans un fonctionnement renouvelé : règles harmonisées, process rationalisés, exigences nouvelles.
Le plafond de 400 heures de formation s’applique à tous les parcours, que la formation se déroule au sein de l’entreprise ou avec un organisme externe. Ce format unique permet d’ajuster les contenus à la réalité du poste ciblé, sans tenir compte de la nature du contrat, CDD, CDI ou alternance. Pour un employeur, cela signifie un cadre souple, adaptable à la fois au recrutement d’un salarié sur un métier en tension ou à l’accompagnement d’une reconversion professionnelle.
Désormais, l’ensemble des démarches s’effectue en ligne. Pour lancer le processus, il suffit de constituer un dossier complet, détaillant le projet de recrutement et le programme de formation : le conseiller France Travail instruit la demande sans délai superflu. Le gain de temps est réel, moins de dix jours en moyenne pour obtenir une validation, et facilite le recrutement, notamment dans les secteurs soumis à une forte saisonnalité.
Les opérateurs de compétences (OPCO) continuent de jouer un rôle actif dans l’élaboration des parcours et veillent à la pertinence des contenus pédagogiques. Leur expertise garantit un alignement entre les besoins des entreprises et la réalité du marché de l’emploi. Si la réforme simplifie l’accès aux financements, elle renforce aussi la nécessité d’un suivi rigoureux et d’une évaluation précise de chaque parcours.
En changeant de paradigme, la France veut faire de la formation un levier d’action immédiat. Le défi : transformer la simplicité administrative en tremplin vers l’emploi durable, pour chaque candidat comme pour chaque entreprise. Le terrain, déjà, commence à en mesurer l’effet.